Cocorico ! Unlimited Love a décidément l'accent français. En plus du clip de Poster Child, réalisé par trois artistes parisiens, c'est le fameux néon de la pochette du disque qui a été designé par un Français, Elie Pesqué. RHCPFrance a rencontré pour vous celui qui officie sous le nom de Ricky Mocky pour percer les secrets de cet emblème incontournable du nouvel album du groupe.
RHCPFrance : Salut Elie, est-ce que tu peux te présenter pour celles et ceux qui ne te connaîtraient pas ?
Elie Pesqué : Je travaille sous le nom de Ricky Mocky, c’est le nom de mon compte Instagram. Je n’ai jamais fait d’école de design, c’est quelque chose que j’ai appris sur le tas. C’est une activité que j’ai commencée en faisant des teufs de musique électronique : comme j’étais le seul à avoir des notions de Photoshop, c’est moi qui m’occupais de réaliser les flyers. J’ai aussi fait un peu d’agence de com’ mais ça ne me plaisait pas de travailler pour des grosses marques.
J’ai donc décidé de me mettre à mon compte et depuis, je travaille uniquement pour des artistes. Je réalise des pochettes d’albums, des posters… Je me suis spécialisé là-dedans. Ça va faire 4 ans que je suis en freelance et que je ne fais que ça.
R : Est-ce tu peux nous parler des projets sur lesquels tu as travaillé récemment ?
EP : J’ai surtout travaillé pour des artistes de musique électronique et des salles de concert comme la Machine du Moulin Rouge, mais ce qui va plutôt intéresser le public de RHCPFrance, c’est sans doute ma collaboration avec Prudence, qui est le projet solo d’Olivia Merilahti de The Dø. J’ai réalisé toute son identité graphique, sa pochette, ses posters… C’est un de mes plus gros projets récents.
Je suis essentiellement connu pour mon travail dans le milieu de la musique électronique, mais c’est vrai que j’aimerais bien faire davantage de projets pop, au sens large du terme.
R : Tu as donc réalisé le design du désormais iconique néon qui figure sur la pochette d’Unlimited Love, le nouvel album des Red Hot Chili Peppers. Comment en es-tu arrivé là ?
EP : Ça a commencé avec Evar Records, en fait. J’avais remarqué qu’Aura T-09, qui gère le label, avait liké certains de mes posts sur Instagram. Donc je lui ai envoyé un message pour lui dire que j’étais chaud pour bosser pour le label. Elle m’a répondu qu’elle était partante aussi et c’est comme ça que je me suis retrouvé à faire un t-shirt et une pochette pour un des artistes du label, à l’origine. L’album n’est toujours pas sorti, mais ça devrait être pour bientôt.
Suite à ça, un matin, elle m’envoie un message pour me dire qu’ils cherchaient quelqu’un pour bosser sur la pochette du nouvel album des Red Hot et elle m’a demandé si j’étais partant. Dans un premier temps, j’ai fait un petit malaise, et ensuite j’ai répondu au truc en disant que bien sûr, j’étais chaud (rires).
R : Tu avais déjà conscience que c’était quelque chose d’énorme ? Jusqu’ici, quel était ton rapport avec le groupe et sa musique ?
EP : Pour tout te dire, j’ai un tattoo Red Hot, donc c’est plutôt un groupe dont je suis fan (rires) ! C’est un groupe que je suis depuis des années, je l’ai découvert quand j’étais au collège et j’ai 29 ans maintenant, donc je peux dire qu’ils font partie des rares artistes qui m’ont accompagné toute ma vie. Je les écoute très régulièrement, c’est vraiment le premier groupe dont j’ai été fanboy, quoi. Je les ai vus une dizaine de fois en concert, je suis même allé les voir au Petit Journal, à l’époque où ça passait avant le Grand Journal.
Je ne savais pas que j’allais devenir designer un jour, mais ça m’a permis de réaliser un rêve de gosse qui est celui de contribuer à l'album d’un groupe comme celui-là. C’est un truc énorme, une fierté absolue.
R : Qu’est-ce que tu t’es dit, sur le moment, quand tu as reçu le message d’Aura T-09 ?
EP : Sans déconner, j’ai presque fait un petit malaise ! J’ai reçu le message le matin au réveil et j’ai dû le relire plusieurs fois pour être sûr, j’ai vraiment halluciné. Je lui ai directement répondu que j’étais trop chaud !
La demande était vraiment urgente, j’ai commencé à travailler en novembre et la sortie de l’album était prévue en avril. Il leur fallait le truc le plus vite possible. Du coup, comme j’avais déjà pas mal de projets en cours, je bossais jusqu’à 4 heures du matin. Ça s’est fait en une semaine sur un rythme effréné, mais c’était vraiment chouette.
R : Est-ce que tu as reçu un brief de départ concernant ce fameux néon ?
EP : Anthony avait une idée très précise de ce qu’il voulait. Il avait rassemblé pas mal de vieux néons qu’on peut voir à Los Angeles, des néons de motel, des néons qu’on peut voir sur des églises, des néons vintages des années 50… Des choses très typiques de ce qu’on peut voir là-bas.
À partir de ça, ils voulaient faire un néon qui reprend le nom de l’album et leur fameux logotype. Au début, ils voulaient faire ça sous la forme d’un fil et je leur ai dit qu’on pouvait avoir l’ambition de faire ça comme un vrai gros panneau, à l’ancienne, et ça leur a bien plu. J'ai donc ensuite travaillé sous la direction artistique de Marcia, Aura T-09, qui faisait l'intermédiaire entre Anthony et moi et qui me dirigeait pour avoir un rendu au plus proche de ce qu'il avait en tête.
R : Est-ce que tu as aussi travaillé sur l’animation du néon qui a été reprise par le groupe pour ses vidéos YouTube ?
EP : Non, j’ai uniquement fait le design du néon, et c’est à partir du fichier que j’ai donné qu’il a été construit pour de vrai. Ensuite, je crois que c’est la fille de Flea qui l’a pris en photo pour la pochette de l’album.
R : Est-ce que tu as eu l’occasion d’écouter l’album au moment de la création du design du néon ?
EP : Non non, je n’ai pu l’écouter qu’à sa sortie, comme tout le monde. J’avais un brief précis donc je n’avais pas forcément besoin d’écouter l’album pour y répondre. D’autant que la vibe du groupe, je la connais bien (rires).
R : Maintenant que tu as pu l’écouter, qu’est-ce que tu penses de cet album ?
EP : Je l’ai bien poncé, cet album. Je trouve que c’est un peu un best-of de leur carrière, il y a plein de morceaux qu’on pourrait retrouver dans leurs albums précédents, avec quelques titres qui ont un registre un peu nouveau. Je trouve ça hyper intéressant que des mecs de 60 piges continuent à sortir des trucs pertinents et de qualité.
Parmi mes titres préférés, il y a bien sûr Heavy Wing dont John chante le refrain. J’adore sa voix donc j’ai forcément adoré le refrain. J’aime aussi Aquatic Mouth Dance avec sa vibe funky et White Braids & Pillow Chair. Ce sont mes trois préférées. Après, je trouve que l’album est excellent globalement. Pour moi, Black Summer est un tube au même titre que l’était Dani California par exemple.
R : On peut imaginer que cette collaboration va t’ouvrir des perspectives plus grandes encore. Est-ce qu’il y a une collaboration qui te ferait rêver ?
EP : C’est ce que je disais à mes potes : maintenant que j’ai fait les Red Hot, si je peux bosser avec Radiohead ou Thom Yorke, je peux mourir tranquille (rires) !
Après, je viens beaucoup de la musique indé, et je serai toujours très heureux de bosser pour des artistes émergents.
R : Pour terminer, petite question plaisir : quel est votre morceau préféré du groupe ?
EP : Mon morceau préféré ever, ce serait Soul To Squeeze… ou Sir Psycho Sexy. Pour moi, ils incarnent vraiment le son des Red Hot.
Pour suivre le travail d'Elie Pesqué, alias Ricky Mocky, rendez-vous sur son compte Instagram.